
La palombière dans les arbres représente une méthode ancestrale de chasse qui combine savoir-faire, ingénierie du paysage et habileté tactique. Elle repose sur l’utilisation d’appeaux pour imiter le comportement des oiseaux et les attirer vers un poste de tir perché en hauteur.
1. Principe et objectifs de la chasse
- But de la palombière :
Le principe immuable est de manœuvrer des appeaux (ou appelants) afin d’attirer les vols de passage. Ces appeaux reproduisent les sons d’oiseaux en train de se poser, de se restaurer (glaner) ou de se reposer dans les bois. L’objectif est de faire atterrir les oiseaux autour de l’installation, afin qu’ils puissent être chassés au fusil. - L’environnement naturel :
Ces installations se trouvent majoritairement dans des forêts à dominante de feuillus, notamment des hêtres et des chênes, où la lumière et la végétation favorisent le repos et la vigilance des oiseaux.
2. L’installation et le matériel
- Le choix du site :
La palombière est généralement installée au sommet d’un petit coteau ou dans un vallon dominant le paysage. Cette position stratégique permet non seulement de repérer l’arrivée des oiseaux à distance, mais aussi d’offrir aux palombes un lieu de repos où elles peuvent surveiller les alentours. - Matériel et équipements :
- Appeaux et appelants : Utilisés pour imiter les pigeons domestiques ou les palombes, ils sont essentiels pour déclencher l’atterrissage des oiseaux.
- Dispositifs mécaniques : Placés dans les cabanes, ils permettent de contrôler les appels et d’adapter les signaux en fonction des conditions et du comportement des oiseaux.
3. La cabane d’observation en arbres
- Fonction et emplacement :
Les chasseurs se postent dans une cabane soigneusement aménagée et camouflée, située à la cime d’un arbre dominant (généralement un hêtre ou un chêne).- Cette cabane, qui peut accueillir de 2 à 4 chasseurs, sert de poste de guet, de commande et de tir.
- Dans les grands sites, des cabanes satellites peuvent être ajoutées pour renforcer la surveillance.
- Accès et sécurité :
L’accès se fait via une échelle (parfois renforcée par des dispositifs de sécurité) ou un ascenseur spécialement conçu pour ces installations. Certaines cabanes peuvent se trouver à plus de 25 mètres de hauteur, ce qui requiert une certaine expérience et un respect strict des règles de sécurité. - Conception technique :
Les cabanes comportent des meurtrières, des ouvertures spécialement aménagées par lesquelles les chasseurs passent le fusil pour tirer, tout en restant protégés. Des câbles de soutien sont souvent installés pour stabiliser la structure lors des grands vents.
4. L’aménagement du site et le travail du paysagiste chasseur
- Création des plateaux :
Les chasseurs sont de véritables paysagistes qui taillent chaque année les arbres. Ils façonnent les cimes en formant de larges boules de feuillage dense avec des plateaux plats, zones dédiées à l’installation des mécaniques et des appeaux. - Entretien des arbres de pose :
Autour de la cabane, d’autres arbres sont également taillés. On ne conserve que leur couronne supérieure afin de maximiser l’attrait pour les palombes. Toutefois, l’aspect naturel reste primordial et la taille varie selon les installations et les convictions des chasseurs. - Maintien du sol :
Le sol sous les arbres est soigneusement entretenu pour faciliter la récupération des oiseaux abattus. Il est aménagé de manière similaire à une palombière au sol, avec des espaces réservés au rangement des appeaux et du matériel de bricolage.
5. Organisation et rôle des participants
- Les postes de guet et de tir :
En plus des chasseurs postés dans les cabanes, un « espion » ou vigie est souvent installé pour signaler les oiseaux que les chasseurs n’auraient pas repérés, assurant ainsi une couverture maximale du terrain. - Connaissance du terrain :
L’emplacement stratégique de la palombière (sur un coteau ou dans un vallon) permet aux chasseurs de bénéficier d’une vue dégagée sur les alentours, condition indispensable pour anticiper l’arrivée des oiseaux.
6. Spécificités régionales et terminologie
- Zones de prédilection :
Traditionnellement, ce type de palombière est fréquent au Pays Basque et en Béarn. Toutefois, on en retrouve également dans d’autres régions du grand Sud-Ouest (Lot, Dordogne, Tarn-et-Garonne, Haute-Garonne, Gironde, Charentes, Hautes Pyrénées et Ariège). - Terminologie locale :
Dans certaines régions, notamment en Gironde (Entre-Deux-Mers), une palombière perchée dans les arbres est désignée par le terme « jouquet ».
La palombière dans les arbres illustre toute la richesse d’une tradition de chasse mêlant ingéniosité, connaissance du milieu naturel et habileté technique. Entre l’aménagement des plateaux, la conception soignée des cabanes d’observation et l’utilisation d’appeaux savamment manipulés, cette pratique reste un témoignage vivant du savoir-faire régional et d’un art de vivre en harmonie avec la nature.
Qu’il s’agisse d’un simple loisir ou d’une véritable vocation, cette méthode exige respect du cadre, sécurité et une attention permanente aux détails, pour garantir à la fois la réussite de la chasse et la préservation des traditions locales.
[…] des jumelles, les chasseurs peuvent explorer davantage leur environnement, observer les oiseaux, les plantes et autres éléments de la nature qui pourraient autrement passer inaperçus. Cette […]