Comment observer la chouette effraie ?

La chouette effraie suit l’homme; on peut donc la trouver dans toutes les localités (même dans les hameaux et les fermes isolées) ainsi que dans les zones périphériques des villes. Elle occupe les tours et les clochers, les granges, les greniers, les fumoirs désaffectés, les pigeonniers, les vieilles murailles et ruines, les galeries minières désaffectées. Elle est répandue plus ou moins régulièrement dans tout le pays. Il faut cependant signaler que la population de l’Oesling est désavantagée en hiver par rapport à celle du Gutland. L’apparition plus fréquente et plus durable d’une couverture neigeuse dans les Ardennes rend l’accès à la nourriture plus difficile, ce qui provoque des variations de densité plus importantes dues aux pertes plus sévères durant les hivers rigoureux.

Normalement une ponte a lieu par an, exceptionnellement deux, selon l’offre alimentaire (p. ex. prolifération de Campagnols des champs). Même l’époque de la ponte est liée à l’offre alimentaire: certaines années, la ponte a lieu très tôt en mars/avril, tandis que d’autres années elle a lieu en mai/juin, voire plus tard. Les pontes sont normalement de 5 ou 6 œufs (extrêmes 3 et 9 œufs). Ajoutons que les pontes sont plus volumineuses en cas de prolifération de Rongeurs et que des oeufs isolés peuvent s’ajouter alors à la ponte.

Le taux de réussite des nichées varie en fonction des cycles d’abondance des Rongeurs et en fonction des conditions météorologiques. Dans les nichées qui coïncident avec une baisse des effectifs de Rongeurs, il n’y a souvent qu’un à deux jeunes qui arrivent à prendre l’envol. Comme tous les hiboux et chouettes, l’effraie est adaptée de façon remarquable à la vie nocturne. Le bord extérieur des rémiges est dentelé (appelé peigne), ainsi les strigidés (famille des chouettes et hiboux) peuvent voler sans faire de bruit pour pouvoir facilement détecter les proie avec les oreilles. Lors de la localisation des proies, le masque joue un rôle important, car il transmet les ondes sonores aux oreilles. Les yeux des effraies sont également très bien adaptés aux conditions de faible luminosité. Toutefois les chouettes peuvent voir à la lumière de jour et ne sont nullement aveugle comme souvent affirmé.

Les effraies restent normalement l’année entière dans leur territoire. Avec la chute de la population de campagnols, les oiseaux et essentiellement les jeunes se déplacent sur des faibles distances (moins de 500 km) et migrent vers des régions plus riches en nourriture.

Une effraie née et baguée à Biwer tient le record: elle a volé 1796 kilomètres jusqu’au sud de l’Espagne.

Les chouettes et hiboux avalent généralement leurs proies entièrement (les oiseaux modernes n’ont plus de dents). Les parties non digestibles (cheveux, plumes, os, carapaces d’insectes) sont régurgitées après quelques heures comme pelote de réjection (en luxembourgeois « Eilekatz »). L’étude des pelotes a donné le régime des effraies suivant: principalement des campagnols et souris, mais également des musaraignes (que les autres rapaces nocturnes évitent généralement) et des passereaux, occasionnellement des chauves-souris, des grenouilles et des insectes. L’effraie trouve la nourriture surtout dans les paysages bien structurés et ouverts, toutefois également dans les villages et les forêts.

Elle s’observe facilement la nuit lorsqu’elle est active pour chasse. Avec une caméra de chasse infrarouge, il sera aisé d’avoir un cliché de ce sublime oiseau.

Avec la fermeture de la majorité des clochers et des trous d’aération (diminution des exploitations agricoles), les refuges des effraies ont sérieusement diminué en nombre. Ce fait, ainsi que d’autres nuisances comme les accidents (provoqués par la circulation ou les lignes à haute tension) et les pesticides (dont on a détecté chez nous des teneurs élevées dans des œufs) ont contribué à la diminution de l’espèce. Les efforts des protecteurs (préservation des sites de nidification existants et création de nouvelles cavités) durant les décennies écoulées ont permis de stabiliser quelque peu la population restante. Nous sommes néanmoins toujours obligés à classer l’effraie parmi les espèces menacées de la liste rouge.

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